"C'est assez": programme de détection et d'orientation des adultes concernés par la violence: origines et développements 2000-2004

Abstract

Ce document relate les étapes de développement d’un projet interdisciplinaire intégré de détection et d’orientation des adultes victimes de violence.

Cette contribution évoque le panorama des différentes données statistiques helvétiques qui, malgré leur hétérogénéité, indiquent clairement qu’en Suisse aussi la violence est un problème de santé publique. Qu’il s’agisse de la violence interpersonnelle en général, de la violence subie par les femmes dans le cadre conjugal ou de la maltraitance envers les personnes âgées ou les enfants, les chiffres suisses sont très semblables aux données des autres pays industrialisés. Le développement de politique de prévention correspond donc bien à un besoin.

S’inscrivant dans ce cadre général, les premières interrogations vaudoises sur l’une des facettes de ce phénomène ont été soulevées par le Bureau cantonal de l’égalité entre les femmes et les hommes, soucieux de la violence conjugale exercée contre les femmes. Simultanément, le milieu hospitalier concerné notait de son côté un accroissement des constats de coups et blessures. Face à cette nouvelle donne, les personnes susceptibles d’être parmi les premiers contacts des victimes (personnels soignants des services d’urgences médico-chirurgicales) semblaient disposer d’une formation largement insuffisante.

S’appuyant sur une bonne collaboration entre les deux institutions porteuses, les Hospices vaudois et le Département de l’économie publique, le projet a pu démarrer. Dans cette phase, le mandat confié à l’Unité de prévention portait sur quatre points : des recommandations de bonne pratique à l’intention du personnel médical ; l’élaboration d’une formation brève et de son matériel didactique à l’intention des urgentistes publics et privés ; la mise en place d’une formation pilote et de son évaluation, ainsi que la proposition de scénarios concernant la création d’une consultation multidisciplinaire. Des recherches complémentaires furent menées par le Bureau cantonal de l’égalité. 

Le projet s’est doté d’un Comité de pilotage, chargé des questions stratégiques, d’une équipe de projet aux prises avec les aspects opérationnels et d’un Groupe de travail assurant sa mise en pratique. Ces instances interdisciplinaires réunissaient des représentants des départements concernés au premier chef (Justice, Police, Santé et Social) ainsi que des professions et spécialités médicales appelées à collaborer sur le terrain (médecins, infirmiers, urgences médico-chirurgicales, policlinique et psychiatre). 

Souvenons-nous de l’origine double du projet : on en retrouve la trace dans le plan de travail, développé par la suite : un premier point concerne la récolte de données quantitatives sur l’ampleur du problème dans les services d’urgence, un deuxième concerne les connaissances et les compétences nécessaires à transmettre. Puis, au-delà de ce premier cercle, l’attention se porte sur les soins dispensés par les professionnels et l’identification dynamique du réseau en charge de l’aide aux victimes.