Pointage annuel du profil des usagères et usagers des centres à bas seuil d’accès du canton de Vaud : PAPU 2016

Abstract

Le Service de la santé publique (SSP) a confié le mandat à l'IUMSP de mettre sur pied une enquête visant à établir un "Pointage annuel du profil des usagères et usagers" (PAPU) des centres d'accueil à bas seuil du canton de Vaud (CABS) dans le cadre du système vaudois d'indicateurs des addictions. Ce rapport présente les résultats de la première édition de cette enquête.

Le PAPU vise à :

  1. Décrire le profil socio-démographique des usagères et usagers des CABS, leur situation économique, leur consommation de substances illégales et leurs traitements actuels;
  2. Comparer le profil des usagères et usagers fréquentant les différents CABS;
  3. Suivre l'évolution de ces caractéristiques dans le temps.

Le PAPU concerne tout-e-s les usagères et usagers des CABS, qu'ils soient consommateurs de substances illégales ou non. Tous les CABS, à l’exception du Distribus, ont participé à l'enquête. La distribution et la récolte des questionnaires papiers de la présente enquête étaient assurées par le personnel des CABS. Les questionnaires étaient auto-administrés.

Le nombre de questionnaires remplis (n=277) s’est avéré supérieur aux attentes, démontrant la faisabilité et l’acceptabilité de l’enquête auprès des professionnel-le-s et des usagères et usagers.

Globalement, les usagères et usagers des CABS sont majoritairement des hommes (79.8%), de nationalité suisse (61.4%), âgé-e-s en moyenne de 41 ans. Près de 30.0% des usagères et usagers sont sans domicile fixe. 44% des usagères et usagers bénéficient de l’aide sociale et/ou des assurances sociales telles que l’AI ou l’assurance chômage (25.3%) et plus de 10% des usagères et usagers ont un travail à plein temps.

La majorité des personnes interrogées (56%) fréquente les CABS une ou quelque fois par semaine, alors que 21.7% s’y rendent tous les jours. Plus de la moitié des répondant-e-s à l’enquête sont sous traitement de substitution (54.2%), principalement à la méthadone (62.7% des personnes sous traitement de substitution).

Les quatre substances que les répondant-e-s déclarent consommer en plus grande proportion sont le cannabis (54.5% des usagers en ayant consommé au moins une fois durant les 30 jours précédant l’enquête), l’alcool (54.2%), l’héroïne (43.3%) et la cocaïne (32.1%). Par ailleurs, plus d’une personne sur cinq (20.6%) rapporte avoir consommé des benzodiazépines achetées sur le marché noir au moins une fois au cours des 30 derniers jours. Au total, 63.2% des répondant-e-s déclarent avoir consommé au moins une drogue illégale (à l’exception du cannabis) au cours des 30 derniers jours. Enfin, 15.2% des personnes interrogées se sont injectés au moins une drogue au cours des 30 derniers jours.

Cette première édition de l’enquête PAPU a par ailleurs permis de mettre en évidence les spécificités des CABS en termes de profil des usagères et usagers accueilli-e-s. Même si les CABS partagent un socle de missions de base commun lié à leur convention de subventionnement avec le SSP, ils ne fournissent pas tous exactement les mêmes prestations, n’ont pas les mêmes critères

d’admission et connaissent par ailleurs des réalités différentes en fonction de leur situation géographique, ce qui transparaît dans le profil de leurs usagères et usagers.

La fondation AACTS se distingue ainsi des autres structures par sa plus forte proportion d’usagères et usagers de nationalité étrangère (64.1%, contre 37.2% pour l’ensemble des structures) et de personnes plus âgées (46 ans en moyenne, contre 41 ans pour l’ensemble des structures). AACTS compte également la plus faible proportion de personnes consommant des substances illégales : il y a par exemple 10.9% de consommatrices et consommateurs d’héroïne parmi les usagères et usagers d’AACTS, alors que le taux est de 43.3% pour l’ensemble des structures. Cela s’explique par les missions complémentaires poursuivies par la structure qui n’est, en effet, pas uniquement destinée aux personnes concernées par des problématiques d’addiction à des substances, mais aux personnes précarisées dans leur ensemble.

Zone Bleue a quant à elle la plus forte proportion de consommatrices et consommateurs de crystal meth (12.4%, alors que le taux pour l’ensemble des structures est de 5.1%). La proximité d’Yverdon avec la région neuchâteloise, dans laquelle le marché du crystal meth est particulièrement développé, explique la proportion élevée de consommateurs ou consommatrices de cette substance parmi les personnes fréquentant Zone Bleue, comparativement aux personnes fréquentant les autres structures.

Les usagères et usagers des antennes d’Entrée de Secours (EdS) se distinguent, quant à elles/eux, par une plus forte proportion de personnes suivant un traitement de substitution (TBS) : elles sont en effet 88.5% à suivre un TBS pour l’antenne de Morges et 72.2% à Nyon, contre 54.2% pour l’ensemble des structures. Cela pourrait s’expliquer par la double mission d’EdS qui est à la fois un centre d’accueil à bas seuil et de centre de traitement.

En conclusion, cette première édition du PAPU offre une description des personnes fréquentant les CABS dans le canton de Vaud. Répété tous les ans, le PAPU permettra de suivre dans le temps certains indicateurs-clé de la politique de réduction des risques du canton de Vaud et d’ajuster, si besoin, les prestations fournies. Des ajustements méthodologiques sont prévus pour l’édition 2017 de l’enquête. Il s’agira notamment d’intégrer les personnes fréquentant le Distribus afin d’obtenir une vision plus complète du profil de l’ensemble des usagères et usagers des CABS.