Traitements de substitution dans le canton de Vaud Bilan de la plateforme de substitution sur la qualité des données et la satisfaction des utilisateurs deux ans après son introduction

Abstract

Dès janvier 2013, le SSP a mandaté l’IUMSP pour le développement d’un projet d’optimisation du traitement des données de la statistique méthadone et le suivi des formulaires d’autorisation de prescription. Le but est d’améliorer la surveillance épidémiologique de la cohorte de patients sous traitement à base de substitution (TBS) permettant d’adapter les programmes de soins. Ce projet visait à simplifier le dispositif existant qui imposait aux médecins prescripteurs de TBS d’envoyer les formulaires de demande d’autorisation ou d’annonce de fin de traitement par courrier ou fax au service du Médecin cantonal, qui était ensuite chargé de les introduire dans le logiciel et d’envoyer en retour une autorisation par courrier. Pour ce faire, l’IUMSP a développé, en collaboration avec l’Institut de recherche appliquée et développement de la Haute école d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud (HEIG), une plateforme sécurisée et internet de recueil des données auprès des médecins prescripteursa. La nouvelle plateforme sécurisée, active au niveau cantonal depuis le 1er janvier 2015, permet à tout médecin prescripteur de se connecter depuis un poste informatique à un compte personnel hébergé sur la plateforme, à l’aide d’un nom d’utilisateur et d’un mot de passe. Cette plateforme vise tout d’abord à améliorer la qualité des données concernant les traitements de substitution, en évitant la saisie manuelle d’information et en diminuant le nombre de données manquantes. Elle a également pour objectif de simplifier le travail administratif, du médecin détenteur de l’autorisation de prescription par une saisie et une validation facilitée des données. Ce rapport a pour objectifs d’apprécier les premiers effets de la plateforme de substitution sur la qualité des données et sur la satisfaction des professionnels l’ayant utilisé. L’analyse de la qualité des données est effectuée sur la période 2012 – 2016. Le taux de réponses aux questions (données « renseignées ») a été comparé avec le taux de réponse « inconnu » et le taux de non-réponses, et ce pour diverses variables-clé, afin de déterminer dans quelle mesure l’introduction de la plateforme en ligne sécurisée a fait varier ces proportions. Une enquête de satisfaction en ligne a été réalisée entre le 15 juin et le 14 juillet 2017 auprès de 332 médecins prescripteurs, centres de traitement et policliniques ou hôpital, enregistrés dans la plateforme de substitution et disposant d’une adresse électroniqueb. L’enquête explorait la satisfaction des utilisateurs à l’égard de la plateforme, de manière générale et par rapport à sa facilité d’utilisation, son ergonomie, sa capacité à simplifier la saisie de formulaires ou à générer un gain de temps.

L’analyse de la qualité des données montre une amélioration globale depuis l’introduction de la plateforme, notamment pour ce qui concerne les informations récoltées par le biais des formulaires de demande de prolongation, le taux de non-réponse dans ces derniers ayant baissé, alors que la part de réponse « inconnu » est restée stable. L’informatisation de la procédure, permettant notamment de fournir aux médecins des formulaires de prolongation pré-remplis avec les données de la demande précédente, est probablement l’une des raisons de cette amélioration. Notons toutefois que la part de réponses « inconnu » reste relativement élevée pour certains indicateurs importants comme les tests des hépatites et du HIV, ceci aussi bien dans les formulaires d’entrée en traitement que dans ceux de prolongation remplis après une année de suivi alors que ce laps de temps permet de réaliser ces dépistages dans de bonnes conditions. Une nouvelle sensibilisation des médecins prescripteurs à l’utilité de ces tests de dépistage est donc recommandée. Les professionnels contactés ont faiblement pris part à l’enquête de satisfaction en ligne (n = 115 ; 34.6%). Sur 115 répondants, 82 (71.3%) ont reçu un code d’accès à la plateforme et 79 (68.7%) déclarent par ailleurs avoir déjà utilisé la plateforme. La plateforme semble principalement utilisée par les professionnels ayant une certaine ancienneté dans le suivi des patients sous TBS et comptant une proportion plus importante de patients sous TBS dans leur patientèle : ce constat, couplé à la faible utilisation du mode d’emploi et des balises d’aide, pointe l’intérêt de proposer régulièrement (par exemple une fois tous les deux ans) une séance de sensibilisation à la plateforme de substitution ou a minima de rappeler par courriel la présence d’un mode d’emploi. Malgré tout, la satisfaction globale des utilisateurs à l’égard de la plateforme est bonne (7.7 en moyenne sur dix). Pour les trois quarts des utilisateurs, la plateforme est perçue comme un gain de temps dans le suivi des patients sous TBS et comme une aide pour la saisie des informations. Des pistes d’optimisation de la plateforme ont été proposées par les répondants.